tag:blogger.com,1999:blog-46438529478028576102024-03-13T17:22:00.114-04:00osseletsAnne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comBlogger159125tag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-90347579485033283362013-08-30T11:24:00.000-04:002013-08-30T15:49:17.700-04:00La manœuvreIls ont trouvé une nouvelle façon de ranger les enfants dans la cour le matin. Ce ne sont plus des rangs qui hérissent le mur en peigne, chaque branche une classe que la sonnerie vient défaire, le peigne s'ébréchant de ces petits bâtons d'enfants au fur et à mesure de leur absorption par le bâtiment. Il y a une nouveauté. Désormais, les enfants vont deux par deux et à la queue leu leu se placer le long du mur de l'école. Une longue frise vivante vibrante encore irrégulière. Des branches du peigne, il ne reste que l'arête centrale devenue serpent à deux têtes : à une extrémité et le long de la grande façade, ce sont les plus grandes classes qui pénètrent dans le bâtiment par la porte est ; à l'angle droit de la façade et du mur latéral, le serpent change de direction, les petits orientés vers la porte sud. Le professeur, seul au milieu de la cour ainsi bien dégagée, observe et apprécie la grande manœuvre. Je me place derrière la grille au point précis où je peux voir en même temps mes deux enfants s'éloigner chacun dans une direction différente.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-89895602827130317062011-07-05T21:44:00.003-04:002011-07-05T21:52:05.002-04:00La plongéeJe vais arrêter de tenir ce blog, je veux essayer de continuer différemment sans les applaudissements muets mais chaleureux de l'internet. Merci merci merci.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-2553817640826217262011-06-10T22:02:00.004-04:002011-06-10T22:04:59.914-04:00En studioElle chante debout devant le ventilateur son micro. Elle colle presque sa bouche, sa voix frise dans le grand vent : le souffle qui la repousse en plie un peu les sons. Elle invente au fur et à mesure du chant, un déhanchement en contre-temps, si elle savait elle fermerait une main en coquille sur son oreille.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-40297014562358830212011-05-31T13:40:00.002-04:002011-05-31T13:54:29.862-04:00La gameIl est appuyé épaules et tête contre le mur de briques, sa trottinette pend au-bout de son bras abandonné. Sans voir son visage ni l'entendre je sais qu'il pleure. Nous sommes dans la ruelle, dans la lumière du soir je m'approche de lui et j'ajoute à la liste de ses devoirs, comprendre les filles.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-81038388659744309102011-05-22T11:44:00.006-04:002011-05-22T23:06:46.255-04:00L'aspirationIls ont été attirés par la lumière, ses feux rougeoyants qui font croire qu'on n'aura pas froid. Ils s'entrainent l'un l'autre sur le chemin au milieu des herbes hautes des herbes rouges encore plus de ce soleil incroyable qui va se coucher. La curiosité les réchauffe, découvrir ensemble ce monde du bout du chemin. Brutalement leur joie devient plomb aux rayons disparus comme les herbes qui s'assombrissent et le froid qu'on n'avait plus senti capture. Tout est trop léger pour l’empêcher, il gratte au bord des manches serre les cous les fronts les pieds, le corps nu sous son emprise. Pauvres papillons pourquoi êtes-vous allés si loin.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-42155883761879308452011-05-21T18:18:00.010-04:002011-05-23T14:59:23.500-04:00La captureIl pleure. C'est son chagrin qui montait. Nous l'avions vu de loin comme dans les westerns le nuage de poussière à l'horizon transformé plus tard en cavalcade bruyante et m'as-tu-vu dans la rue principale du bled. Son chagrin à lui n'a rien à prouver, il force le petit qui finit par céder sous son emprise, secoué par ses sabots puissants. Son chagrin c'est l'école. Nous dormons mal, justiciers désarmés aux rêves d'incendie.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-700405773493177732011-05-21T17:55:00.003-04:002011-05-21T18:00:02.096-04:00Le signePour m'encourager, elle tend sa main face à moi, paume ouverte, doigts écartés. Je mets du temps à comprendre qu'il faut, pour que ça marche, que j'y appuie la mienne, paume ouverte, doigts écartés, avec assez d'élan pour que ça n'ait pas l'air d'une prière.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-57061254621816103772011-05-10T21:46:00.007-04:002011-05-10T22:25:58.066-04:00La surpriseJe pédale vite pour ne pas arriver en retard au souper. Ma fille derrière sur le porte bagage me parle il y a du vent j’entends mal. Elle dit je crois que tu vas être contente elle dit encore des choses que je n'entends pas. Elle dit et cette fois en criant ON T'A ACHETÉ UNE ROBE À POMPONS. Je ris je ris à cause des pompons et de la mèche vendue avec candeur.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-66299404612118380892011-05-06T11:11:00.004-04:002011-05-06T11:20:18.930-04:00Le litElle tombe du lit. Souvent, régulièrement. L'autre soir pile au moment où je rentrais dans leur chambre. Je vois son corps rouler sur le côté et tomber, mon élan trop tardif pour la récupérer. Le corps mou du sommeil décompose la chute plus lentement mais aussi inexorablement. Je me demande quand se disciplinera cette enfant aux dimensions réduites de son espace nocturne.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-25155658012756154132011-05-04T20:53:00.004-04:002011-05-10T22:26:46.398-04:00Les idéesPour ne pas les perdre en sortant de la bibliothèque je les dis à voix haute, je les organise. Je parle en exposé très sérieusement et tout en dépend. Je joue et je ne joue pas. Je m'accroche je me tiens. Je soupèse je marche. Quand je croise sur le trottoir quelqu'un que je n'avais pas vu venir et qui surprend mon soliloque je marche plus vite les sourcils froncés les lèvres pincées. L'intrus passé je reprend le marmonnage.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-6167805518989242482011-04-28T11:45:00.003-04:002011-04-28T11:50:31.922-04:00AnalogieElle découvre Star Wars derrière son frère. Elle déplace le sens des actions et des personnages de la série galactique dans sa propre cosmogonie. Ainsi le droïde R2D2 devient lardeuxD2 petit fétiche de plastique qu'elle fait voler au-dessus de sa tête.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-41478521398437898052011-04-24T12:37:00.006-04:002011-04-24T13:24:08.099-04:00Le moins- Si je pouvais... mais je n'ai pas d'argent, on n'a pas d'argent, pas une cen', rien dans mes poches. <br />Nous marchons entre les rayons d'un magasin de jouets, une vieille promesse que nous avons finit par tenir lâcher sous l'usure de la demande. Je marche dans les rayons ma fille restée fixée devant des poupées blondes son frère accroupi avec son père qui détaillent le contenu d'une petite boîte de légo. Mon œil ne se fixe sur rien. J'écoute un autre père et son fils, il est jeune il parle fort l'enfant a 6 ans. Ce que dit le père rebondit contre les rayons colorés et fracture l'espace d'achat de sombres petits éclats sonores. Il dit qu'il n'a pas d'argent. Il dit qu'il ne peut rien acheter, non pas même cette épée à 10 dollars cinquante. Il le dit autant à nous qu'à son fils à qui je voudrais dire sors, sors. L'enfant silencieux glisse ses mains sur les rayons, retenues par la rengaine de son père : j'ai pas d'argent, on n'a pas d'argent, si j'avais ...je sais pas... 1000$ ... je t'en achèterai des choses. <br />Nos enfants ont choisi, deux cadeaux à presque 20$ chaque. Je paye nous sortons, derrière nous l'enfant et son père restent encore à soupeser.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-50591154151331613932011-04-12T11:40:00.005-04:002011-04-12T12:13:35.172-04:00Le ralentiSous la pluie la femme policier replie la couverture de survie qui attrape la lumière des gyrophares. La jeune femme porte un unique gilet pare-balles sur sa chemise bleue claire boutonnée haut. Ses gestes sont précis indifférents à ce qui tombe du ciel. Une ambulance et plusieurs voitures de police sont stationnées entre deux cordons de sécurité orange que protègent encore deux voitures de police pour bloquer ce segment d'avenue. Il pleut il fait nuit je roule au ralenti dans le sens inverse. Des hommes des femmes s'affairent : l'un accroupi referme les rabats d'un sac de matériel, il se lève et marche vers l'ambulance. Deux autres replient une civière, plusieurs forment un groupe serré, conciliabule. Je tourne après le barrage sur ma gauche pour rejoindre mon bureau. Une voiture dans l'autre sens veut forcer le cordon et attend qu'on lève l'obstacle devant son impérieuse volonté dont témoigne son clignotant. Le policier assis dans la voiture qui fait barrage ouvre sa portière et sans descendre adresse au chauffeur un geste écoeuré dont je pourrais sous-titrer toute l'incompréhension lasse. En gros et pour le dire poli «Qu'est-ce tu crois que tu fais, là?»<br />Je longe la track de chemin de fer, bientôt arrivent des phares dans mon rétroviseur, c'est l'ambulance que je viens de croiser. Elle roule patiemment derrière moi qui ne vais pas vite. Aucune des lumières qui signalent habituellement son urgence n'est allumée. Sans doute que ça n'est plus la peine.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-12153076342153683532011-04-03T13:12:00.004-04:002011-04-04T12:16:37.884-04:00Le boisNous pédalons entre deux rangées de bois serrés troués régulièrement par un terrain dégagé autour d'une maison proprette ou délabrée et hostile. Nous craignons les chiens qui surgissent des propriétés; la plupart sont attachés et aboient au bout de leur chaîne. Nous accélérons pour quitter leur territoire, ne pas tirer trop sur la corde qui les retient. Mais d'autres sont libres ils s'élancent sur la route au devant de nos roues. La peur me galvanise, ma fille contre mon dos terrifiée cache ses yeux sous son casque. Je crie d'une voix forte «couché le chien» je crie plus fort en direction de la maison «rappelez votre chien». Les maisons les portes et les fenêtres restent muettes. Ces bois sont l'arrière-pays du Québec, une nature dure frontale qui ne reconnaît que les siens.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-71874523399930599522011-03-04T09:12:00.003-05:002011-05-04T11:54:06.349-04:00Le téléphoneSa voix arrive dans mes oreilles pleine d'effort et d'attente. Elle ne répond pas vraiment mais elle garde le combiné, elle est là dans son souffle je la vois. Je parle pour la distraire je mêle mon souffle au sien. Et puis j'entends ça monte tout d'un coup un grand cri rond qui lui sort de la bouche. Je ne peux plus la rejoindre mais elle ne rend pas le combiné. Alors on lui prend alors on raccroche.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-78050860006781333032011-03-02T20:53:00.006-05:002011-03-02T23:17:02.146-05:00Le sautElle plie les genoux les bras se tendent un peu en arrière, le buste penché en avant avec la tête quand même qui tire vers le haut pour s'élancer. Attention elle va sauter. Ah. Les pieds au sol se refusent à la synchronie, ça n'est pas encore un saut ils ont fait tap tap. Elle recommence. Attention elle va sauter. Elle se ramasse, elle tire de toutes ses forces, les pieds décollent du sol, pas longtemps mais en même temps. C'est un saut. Elle nous regarde ravie : elle a sauté et voilà une clairière qui s'ouvre.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-79756882163809908952011-02-24T00:43:00.002-05:002011-02-24T00:47:36.809-05:00L'amiIl a un nouvel ami qui est plus vieux que lui. J'ai compté, quatre ans. Je me demande on se demande je lui demande « mais ça va? il a des amis de son âge? ». Mon fils réfléchit et répond « oui mais les autres sont plus solitaires et lui il est solidaire ».Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-62281050786632484352011-01-26T10:28:00.010-05:002011-01-26T11:46:13.923-05:00L'enfance nue<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://2.bp.blogspot.com/_tP8XdhfRXQA/TUBGvzIgWPI/AAAAAAAAAKE/YpUAKzJjOnc/s1600/mere.jpg"><img style="cursor:pointer; cursor:hand;width: 400px; height: 246px;" src="http://2.bp.blogspot.com/_tP8XdhfRXQA/TUBGvzIgWPI/AAAAAAAAAKE/YpUAKzJjOnc/s400/mere.jpg" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5566526926423611634" /></a><br /><span style="font-style:italic;">L'enfance nue</span>, Maurice Pialat, 1969.<br /><br />Elle regarde la voiture qui l'emmène s'éloigner, lui aussi à l'intérieur tord un peu son cou pour continuer à la voir. Elle se serre dans ses bras, l'air humide du matin qui la pénètre. Elle se retourne soudain vieillie, suit le petit chemin dallé et monte les trois marches du perron de la cuisine. Elle ne regarde pas l'auto qui tourne le coin de la rue, il part, il est parti, elle n'en voulait plus et maintenant elle ressent au fond d'elle-même sa responsabilité de l'aimer. Son premier geste dans la cuisine est de prendre son bol et sa cuillère laissés sur la table pour les laver sous l'eau du robinet; elle les repose délicatement sur la céramique blanche et cannelée qui sert d'égouttoir, elle les repose tout doucement et cette délicatesse est pour lui, toute sa délicatesse qui lui reste qu'elle ne peut donner sinon à cette cuillère et à ce bol c'est pour lui. Elle ira faire les lits et défaire celui du garçon parti. Il faut toujours tenir l'ordre car il est le plus important, il a la priorité, on doit le protéger du chaos des sentiments autant qu'il nous protège d'eux. Elle attrape un torchon qui pend à son endroit, une barre fixée sur le côté de l'évier, elle s'essuie les mains et glisse à nouveau le torchon à cet endroit. Puis elle revient à la table de la cuisine où la fillette finit ses céréales dans un bol identique à celui que sa mère vient de laver.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-88212555520577628372011-01-19T09:17:00.005-05:002011-01-19T09:53:59.985-05:00La girafeJe cherche partout un cache-cou, oui le violet, celui de la petite. Je pars avec le grand tant pis pour le cache-cou. Je marche m'applique à ne pas m'agacer des soupirs derrière moi, enfant esclave et sac de plomb. Il a trop chaud il enlève ses mitaines. Je lui trouve un air engoncé plus que d'habitude, je me remets en marche vigoureusement pour l'aspirer. Plus loin je me retourne je l'attend approcher et là je le vois : la tuque au ras des yeux le rouge aux joues qui n'en peuvent plus, il a deux cache-cou, au-dessus du bleu le violet. Incrédule je le pointe, il dit «quoi?» avec la voix anéantie d'une onzième plaie d'Égypte.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-3468972164984368502011-01-16T22:56:00.004-05:002011-01-16T23:29:29.266-05:00Itinéraire bisJe mange sans regarder je me ferme dans la douleur qui barre mon dos, une épaule plus haute que l'autre, tout le monde à ma gauche en angle mort. Mon fils mange son yogourt. Il me jette des regards je le sens bien je fronce les sourcils en parade contre toute tentative. Il y va quand même il dit « T'as pas envie de rire on dirait » je ne réponds pas vraiment en fermant un peu les yeux. « Ça parait » qu'il ajoute en raclant son bol consciencieusement. J'hésite devant l'embranchement que m'ouvre cette réplique : vers le sud, je rigole un peu; vers le nord, je resserre encore. Je choisis le nord.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-49704977782652882882011-01-12T15:11:00.004-05:002011-01-12T15:35:53.125-05:00Sans titreJe lis une partie de la nuit le blog d'une femme morte. Elle écrit sur sa maladie qui l'emporte. Je ne sais pas pourquoi je sais pourquoi je suis ainsi suspendue. Ma fille se réveille en pleurs je m'allonge auprès d'elle je continue ma lecture le petit écran brille dans le noir. J'apprends une chose importante sans nom ni sentiment je crois que ça à voir avec le vide. Par habitude je voudrais avoir peur mais ça ne vient pas, rien ne vient combler cet espace découvert.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-69107920444636750602010-12-21T21:21:00.013-05:002010-12-21T23:04:34.523-05:00La ceinture blanche-jauneJe pousse la porte du dojo, je pense le mot exprès pour le comique vague du n perdu dans les douves. C'est le jour du grade les parents sont là, les enfants sur le tatami en ligne. Deux par deux la monitrice les appelle pour commencer l'épreuve. Je rejoins mon mari qui me fait signe je passe devant les autres penchée comme au cinéma. Je m'assois doucement sur le banc à ses côtés il chuchote « il va passer ». Notre garçon passe. Le moniteur lui dit « accepte la chute ». Il tape sur le sol après qu'il tombe. Il faut faire cela pour accepter ça ne s'explique pas très bien ça se voit, comme une reconnaissance du sol. Je regarde mon fils les yeux au plafond chercher le mot japonais de la prise qu'il vient de faire, la main suspendue du moniteur au-dessus de sa grille d'évaluation, celle de l'enfant vers nous dans un coucou enfantin qui échappe à la technique.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-11081862872381983342010-12-08T13:44:00.007-05:002010-12-09T09:29:59.749-05:00Une promenadeJe marche dans le nouveau quartier où j'ai installé mon bureau. Je suis sortie acheter une machine à café, je prends mon temps pour regarder. Il a neigé tant et tant tout est ralenti, tout est plus étroit, les passages, les bruits. J'achète un bodum et ensuite je remonte une autre rue. Un homme déneige sa voiture, juste en chandail et une tuque. Je me dis qu'il doit travailler chez lui pour déneiger si tard, peut-être qu'il va chercher ses enfants, peut-être qu'il ne travaille pas. Une femme ouvre sa porte et déblaye son pallier du rez de chaussé, elle porte un foulard et un manteau sur un pantalon de pyjama en satin bleu poudre. Plus loin un homme est penché sur une serrure qu'il essaie de forcer, sans doute a-t-elle gelé. Une femme attend juste derrière lui. En marchant, je tourne la tête un peu pour les voir mieux, du coin de l'œil elle me voit les regarder et me suit des yeux quand j'avance. Je vois au ralenti son sourire se former et le mien en retour qui répond ça arrive, c'est pas grave.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-12670766855533207512010-11-16T09:51:00.006-05:002010-12-22T11:19:46.439-05:00La collectionSous son oreiller ce matin en faisant le lit : une poignée d'élastiques chacun d'une couleur et d'une forme différentes, on les passe au poignet, certains viennent de Boston, d'autres ont été donnés par une amie assidue; deux tout petits lémuriens en plastique dressés sur leurs jambes; un sanglier en plastique qui tient dans la main, on actionne sa tête par un piton sur son dos ; une petite boîte bleue au couvercle transparent, à peine plus grande qu'un dé; c'est la boîte des pois sauteurs du Mexique qui se transformeront en papillons à la fin de l'hiver. Je tapote l'oreiller que je replace sur la collection.Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4643852947802857610.post-59096775344818299972010-11-08T21:37:00.006-05:002010-11-09T21:26:24.341-05:00La peauIl y a la clôture, celle des limites qui nous encadrent et nous protègent en même temps qu'elles serrent un peu trop. Et la transmission, ce qui se donne auprès du feu dans le calme du camp bien installé. C'est la fiction que la limite rend possible, ce sont un peu de chimères mélangées nostalgiques, on peut boire avec ou se faire un troisième marshmallow. Eustache chante en karaoké «comme un légo avec du sang» dans le silence de notre écoute, Billie abdique pour ce soir son exploratoire résistance. Les cheveux brillants du shampoing avec son père, les yeux secs, nous sommes encore debout.<br /><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://1.bp.blogspot.com/_tP8XdhfRXQA/TNi5J4t_P5I/AAAAAAAAAJw/cGzWWbxPDi8/s1600/IMG_1499.JPG"><img style="cursor:pointer; cursor:hand;width: 400px; height: 300px;" src="http://1.bp.blogspot.com/_tP8XdhfRXQA/TNi5J4t_P5I/AAAAAAAAAJw/cGzWWbxPDi8/s400/IMG_1499.JPG" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5537379321347260306" /></a>Anne Lardeuxhttp://www.blogger.com/profile/14892004581196107777noreply@blogger.com