Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

9 juil. 2009

Niveau 1

Nous buvons des bières debout au comptoir. Nous parlons, je tripote ma bouteille. Je décolle l'étiquette que je plie en deux. J'abandonne mon pliage je bois une gorgée. Je suis prise dans la conversation, mes mains elles aussi se concentrent sur les mots. Le serveur approche, il ramasse nos bouteilles vides, nous en commandons de nouvelles. Il tend la main vers mon papier, la mienne lui dérobe avant, plus vite. Machinalement sans que je le décide. Je déplie, je replie le papier brillant et moite. J'écoute, je parle, je le déchire un peu, puis le délaisse, les doigts agacés par cette manipulation. Le serveur entre dans mon champs de vision, sur la gauche, il s'approche, il tend la main, je le devance encore. Le manège n'est plus accidentel, les camps se divisent. La responsabilité de l'homme derrière le comptoir est de lutter contre le chaos qui veut s'installer. Il dirige l'action, la recadre. Il ramasse des pièces d'or, il évite les embûches, il circonvient les gorilles et leurs tonneaux. Ses gestes sont rapides, précis, optimisés. Moi, je contrecarre avec un morceau de papier déchiré.