Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

30 août 2013

La manœuvre

Ils ont trouvé une nouvelle façon de ranger les enfants dans la cour le matin. Ce ne sont plus des rangs qui hérissent le mur en peigne, chaque branche une classe que la sonnerie vient défaire, le peigne s'ébréchant de ces petits bâtons d'enfants au fur et à mesure de leur absorption par le bâtiment. Il y a une nouveauté. Désormais, les enfants vont deux par deux et à la queue leu leu se placer le long du mur de l'école. Une longue frise vivante vibrante encore irrégulière. Des branches du peigne, il ne reste que l'arête centrale devenue serpent à deux têtes : à une extrémité et le long de la grande façade, ce sont les plus grandes classes qui pénètrent dans le bâtiment par la porte est ; à l'angle droit de la façade et du mur latéral, le serpent change de direction, les petits orientés vers la porte sud. Le professeur, seul au milieu de la cour ainsi bien dégagée, observe et apprécie la grande manœuvre. Je me place derrière la grille au point précis où je peux voir en même temps mes deux enfants s'éloigner chacun dans une direction différente.