Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

12 déc. 2009

La parure

Je suis assise sur le tapis de leur chambre, elle est derrière moi elle passe un fil de scoubidou autour de mon cou, elle tire un peu hey! attentionheuuu je dis. Son poids dans mon dos elle se penche les cheveux sur ma joue, que tu es belle elle dit. Elle ne m'étrangle pas, elle me pare.

10 déc. 2009

Sa résistance

Il change de forme inlassablement renard, écureuil, chevalier, poulain, indien, dauphin. Nous le reconnaissons au milieu de cette foule : une même joie l'anime, il brille. Une nuit je l'entends rire un peu dans son sommeil. J'ai parfois la tentation mauvaise d'éprouver cette joie, d'en connaître les limites, voir ce qu'elle nous laisserait de notre fils une fois dissipée.

3 déc. 2009

Trop serrées

Elle pose une question elle la pose jusqu'à ce qu'un geste ait répondu. L'abstraction du langage, ses promesses et ses impuissances ne l'intéressent pas. Elle répète inlassablement de là où elle est, ce qu'elle voit, ce qu'elle veut, ce qui la blesse, ce qui lui manque. Je me fatigue à essayer de boucher ce flot par d'autres mots que sa transe intègre sans les entendre. Je crie parfois, je jette des objets sur le sol pour trouver dans la stupeur un peu de silence.
Elle est une enfant irréductible irréductiblement. Elle ne nous facilite pas la tâche, elle n'est pas là pour ça. Ses yeux me sont opaques et derrière ses colères il n'y a rien de ce que j'imagine. Toi tu nous vois, toi tu me prends les épaules avec douceur, toi tu me dis pousse toi.