Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

16 nov. 2010

La collection

Sous son oreiller ce matin en faisant le lit : une poignée d'élastiques chacun d'une couleur et d'une forme différentes, on les passe au poignet, certains viennent de Boston, d'autres ont été donnés par une amie assidue; deux tout petits lémuriens en plastique dressés sur leurs jambes; un sanglier en plastique qui tient dans la main, on actionne sa tête par un piton sur son dos ; une petite boîte bleue au couvercle transparent, à peine plus grande qu'un dé; c'est la boîte des pois sauteurs du Mexique qui se transformeront en papillons à la fin de l'hiver. Je tapote l'oreiller que je replace sur la collection.

8 nov. 2010

La peau

Il y a la clôture, celle des limites qui nous encadrent et nous protègent en même temps qu'elles serrent un peu trop. Et la transmission, ce qui se donne auprès du feu dans le calme du camp bien installé. C'est la fiction que la limite rend possible, ce sont un peu de chimères mélangées nostalgiques, on peut boire avec ou se faire un troisième marshmallow. Eustache chante en karaoké «comme un légo avec du sang» dans le silence de notre écoute, Billie abdique pour ce soir son exploratoire résistance. Les cheveux brillants du shampoing avec son père, les yeux secs, nous sommes encore debout.

1 nov. 2010

La fumeuse

Je passe devant la table à pique-nique installée le long du RONA qui fait le coin de Mont-Royal et des Érables. Les employés du magasin y prennent leur pause, une cigarette et l'été le lunch, le plus souvent seuls. C'est toujours elle que je reconnais depuis deux ans, elle porte aujourd'hui les cheveux courts sous sa casquette. Une fois je l'ai croisée au rayon peinture, sa spécialité. Elle a cet air de Tom-boy que j'aime bien et qui s'accentue avec l'âge. Elle fume assise à la table ou debout tapant des pieds quand il fait froid. Nos regards se croisent à force nous ne savons plus si nous pouvons nous saluer.