Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

8 nov. 2009

Crash

Au magasin, je tiens ma fille, je la retiens, la rattrape la redresse, une catastrophe toujours imminente. Nous passons à la caisse, rien ne s'est encore passé. Je vide le panier sur le tapis, des yeux j'immobilise la petite. Soudain un cri derrière moi, je me retourne : un grand sac de gruau sec s'est éventré, benne impatiente et lasse, des mains de la caissière. Une pyramide parfaite de flocons farineux transforme la caisse en objet bête et incapable. Je dis «on devrait prendre une photo» sans écho. L'employée fusille le client à la passion déraisonnable. Il aura mal fermé le sac, « non non» fait-il d'une petite voix; elle dramatise, la caisse est foutue c'est certain et encore, immobile, il faut agir vite. Je finis de payer, je devrais partir, je reste fascinée. Je range mes courses lentement, je rattache mes lacets et époussette ma fille qui ne ferme plus la bouche. Nous partons à reculons, quittant à regret l'événement et son suspens.