Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

7 avr. 2010

L'étreinte

Je passe en vélo devant une autre garderie, celle où nous voudrions bien mettre notre fille, plus proche de la maison, plus nouvelle. Je ralentis, je veux y aller pour vérifier l'avancée de la liste d'attente. Une femme marche sur le trottoir devant la bâtisse, elle lève la tête vers les fenêtres du premier, elle cherche un visage qui tarde à venir. Elle marche à reculons, semble se résigner mais regarde encore, ah oui il est là, un enfant derrière la vitre, on ne voit que son nez ses yeux son front ses cheveux qui dépassent. On voit aussi qu'il lui sourit. Elle lui fait des petits babayes en revenant sur ses pas, soulagée. Elle lui envoie des baisers je crois mais ça je ne le vois pas, j'accroche mon vélo je dois regarder le cadenas. Quand je lève les yeux, elle a ce geste qui me touche et que je n'aurais jamais pensé faire: elle se sert dans ses bras, ses bras à elle, en le regardant lui là haut à qui elle destine cette étreinte maternelle. Elle reste à se bercer comme cela en le regardant. Elle finit par relâcher ses bras, partir à reculons puis se détourner vraiment. Je pars dans la direction opposée, par solidarité je ne me retourne pas pour la regarder encore.