Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

10 sept. 2008

La course

Cela fait un moment que je l'observe. Je sens la crise proche. Il pousse les autres enfants, cherche les embrouilles. Les adultes lui parlent avec dans la voix l'intervention qui se prépare. Mon fils le regarde et je vois sa fascination. Je vois que tout comme moi il attend l'orage, les cris et les trépignements qui nous feront nous sentir à l'abri, bien tempérés. Finalement la mère arrive, elle ne me dit pas bonjour. Elle récupère son fils qui rue et refuse d'embarquer dans son auto. Il part en courant sur le trottoir, elle dit avec un peu de retard « bon d'accord tu fais la course». Bien sûr mon fils aussi part à courir et ça ne me plaît qu'à moitié. Je porte ma fille dans les bras et je calcule rapidement ma marge. En bas de la pente, face à nous, les deux enfants se sont mis en position. La mère lance le signal de départ. Mon fils court en tirant la langue, l'autre mère l'encourage. Il arrive loin derrière l'enfant nerveux. Ils remettent ça, redescendent la pente du trottoir, se mettent en position. Mon fils part soudain avant le signal. Il court mi-figue mi-raisin laissant loin derrière lui l'enfant fâché et son orage.