Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

30 sept. 2008

La morsure

Il pousse un long hurlement de tout son cœur. J'arrive, je vois ma fille le pull et dedans le bras de son frère dans la bouche. Mon mari est là aussi, nous sommes tous les quatre dans le long cri qui jaillit. Je tire ma fille, elle sourit. Son père la tire aussi et l'assoit en retrait fermement. Il lui tape un peu la main en disant «non non non non non non non». Je remonte la manche et je vois la trace violacée presque percée, le sang qui affleure. Je dis moi aussi des choses en remuant la tête et je veux à mon tour taper la main de ma fille. Je le fais, elle rigole. Je me dis «bien sûr». Mon fils se calme, il regarde la marque sur son bras en tirant bien ses commissures vers le bas. Il désapprouve, il renifle. Il se sent mieux, il voudrait que ça dure : sa sœur en conséquence, ses parents solidaires, les caresses et les mots doux.