Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

1 oct. 2009

La chanson

Je me dis qu' il n'y a pas que le travail dans la vie. Je vais chercher la lampe frontale dans ma chambre, j'attrape le classeur de chansons dans le bureau, j'entre dans leur chambre où ils viennent d'éteindre après avoir écouté leur père lire Spirou. Je me couche sur le tapis, je dis attention je vais chanter. Je tourne les pages photocopiées, ah BangBang. Je chante, mais pas très bien, je me lasse. Mon fils dit c'est triste quand même, ils se séparent. Ah oui, c'est triste. Bon une autre, ah le petit âne gris. Je commence, les paroles sont lourdes comme des cailloux de catéchisme. J'escamote le couplet final, on a bien compris l'idée. Je vais essayer de trouver quelque chose de plus rigolo je dis. Personne ne répond, ma fille essaie de remonter sa boîte à musique, je lui lance un regard appuyé. Je commence une autre chanson plus douce et jolie. Comme je suis assez fière de moi, je ne veux pas m'arrêter même quand mon fils m'appelle. Quand j'ai finit, je le regarde, il pleure. Il dit que ça lui fait trop de peine ce petit âne qui meurt tout seul au fond d'une étable. De grosses larmes roulent sur ses joues. Pensant le consoler, je lui dis que l'âne est mort en dormant parce qu'il était très vieux et que c'était doux. Il s'arrête un peu et répète en pleurant plus fort « alors il est mort en dormannnnnnt ».
Je suis là toute démunie avec ma frontale et mon classeur, bonne nuit les petits.