Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

31 août 2009

Le deuxième soir

Je vais le chercher avec sa soeur. Nous arrivons devant la cour, je pousse le portail le coeur battant. Elle le voit en premier, elle crie son prénom, elle s'élance vers lui. Il joue avec deux filles au pied d'un arbre près de la clôture. Deux jeunes femmes à oreillette me regardent, l'une dit quelque chose dans le micro devant sa bouche. Je fais un coucou incertain. Il nous voit de loin, sourire contrit, «encore cinq minutes», il souligne de sa main ouverte. Je fais oui oui bien sûr et rattrape sa sœur par le paletot. Nous nous éloignons. Debout dans la cour au soleil, je fais le point : une grande cour goudronnée, quelques arbres maigrichons le long de la clôture, un vieux panier de basket en plastique accroché trop haut et trois cônes oranges les mêmes que pour les travaux. Il arrive à côté de moi, nous regardons sa soeur qui court au milieu; il dit avec son air plissé critique mais résigné «ouais y a que ça ». Nous nous regardons et finalement ça nous fait sourire ce dénuement.