Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

31 août 2008

Arythmie

Je gesticule loin devant lui. La petite pleure à mes côtés, fatiguée, il faut rentrer. Je le lui crie plusieurs fois. Il est sur sa trottinette et s'entraîne à freiner. C'est difficile. C'est très long.
Il faut garder le talon en l'air au-dessus de la manette et l'appuyer seulement en cas de nécessité. Sur terrain plat, nous y sommes, on peut se passer complètement de cet accessoire. Mais il s'entraîne. Sa coordination toute neuve manque de rodage. Immanquablement le talon appuie sur le frein avant même qu'il ait démarré. Il ne s'impatiente pas, il essaie à nouveau, replace son pied, tente un démarrage et freine à l'arrêt. C'est très long. Je fulmine et me tire les cheveux. Je combine d'impressionnantes accélérations destinées à l'aspirer dans mon sillon à de brusques retours en arrière menaçants. Je tente une dernière formule pédagogique. Mon manège ne le déconcentre pas. Me reste l'incrédulité. Finalement fatigué par son entraînement, il entreprend de tirer maladroitement sa trottinette d'une main, l'autre bras replié derrière son dos. Je suis loin devant et me demande ce que c'est encore que ce trafic. Je lui enjoins de prendre ses deux mains, «je ne peux pas mon bras est occupé». Il arrive, tout rouge en sueur et me tend le pissenlit qu'il a cueilli.