Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

22 mars 2009

Avant le souper

Elle est impossible, nous sortons. Il fait beau mais encore froid. En bas des marches, elle dit non non plantée sur ses deux pieds. Je la tire vers le soleil récalcitrante. Nous marchons à reculons sur la rue Mont-Royal, elle regarde le bus à l'arrêt, le suit des yeux quand il démarre. Elle s'assoit sur une marche, je m'assois à côté. Je tend mon visage vers le soleil, elle gigote un peu pour se coller mieux. Je la regarde de tout près pour comprendre son problème. Elle a des traces de larmes sur les joues, le nez et le menton mouillés, le bonnet trop grand au ras des yeux, l'anorak plein de miettes et ses mains dodues qu'elle voulait nues toutes rouges de froid. Elle consent à sourire au milieu de tout cela. Assises sur un trottoir dans la poussière du soir, nous aimons ne plus avoir de but.