Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

9 mars 2009

Le décompte

Nous avons sonné, je l'ai regardé. J'aurais pu en attendant avoir ces gestes, on tire un peu, on époussette, on arrange le col. La porte devant laquelle nous attendons est vitrée, elle donne sur un vestibule fermé par une autre porte à rideau qui cache une agitation. La première s'ouvre, ils courent, ils sont là tous les deux. Le grand est excité et se rue sur la poignée pour ouvrir la seconde. Plus bas la petite se fraie un passage, l'air qui veut pleurer. L'émotion lui fronce le nez et tord la bouche. Il se jette dans les bras de son père, je n'ai que le temps de l'effleurer. Je la prend tout doucement, elle me regarde sans sourire vraiment. Je pensais à ce moment, nous nous serrions si fort que je sentais leurs corps de là où nous étions, loin d'eux, mais elle se tient raide dans mes bras et un peu en arrière. Je cherche son abandon avec les gestes habituels, le nez dans le cou et sur les joues. À côté, mon fils montre sa main doigts écartés et dit « ça n'était pas ça ... », il montre encore sa main plus deux doigts de l'autre : « mais ça! ».