Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

18 mars 2009

La consultation

Je suis là parce que j'ai rendez vous. La secrétaire a vérifié ma carte d'assurance maladie, pris l'empreinte de ma carte d'hôpital. Je suis la bonne personne qui va avec cette carte et mon dossier affiche les coordonnées rassurantes de ma vie. Mon adresse, mon téléphone, celui de mon mari en cas d'urgence. J'ai rendez-vous et j'attends mon tour. Sur les murs, des affichettes insistent en rose et en délié sur des problèmes intimes, parlons en! sans préciser à qui. J'entends mon nom.
Je suis une infirmière, j'ai commencé mon chiffre ce matin à 9h. Je prends les dossiers, j'appelle des noms, des femmes se lèvent que je répartis dans les salles d'examen. Celle-ci à la salle 3 avec le docteur Landry.
Il y a le bureau du docteur, petit et impersonnel; il y a la chaise d'où l'on répond avec application; il y a une autre chaise pour poser ses effets derrière un rideau qu'on peut tirer. La table d'examen bien au milieu et une jaquette à motifs posée dessus.
J'enfile la jaquette par dessus mon chemisier et ma culotte, en bas les chaussettes. Je croise mon reflet dans la glace, je me demande si je ressemble aux autres. Il entre, il s'assoit tout de suite au petit bureau. Surprise devant le miroir, je ne suis pas à la bonne place, ça perturbe l'organisation de la salle et celle prévue des corps. Il est le docteur Landry. Je passe derrière lui et m'assois sur la chaise à sa droite. Il demande sans me regarder : on s'est déjà vu?