Il me semble que c’est un jeu de patience, de patience et de dénuement.
Des morceaux d’os blanchis qu’on fait sauter dans ses mains en attendant le lendemain.

10 janv. 2009

Le savon


Nous arrivons tard à la garderie, la collation est déjà prête. Mon fils doit se laver les mains, il accroche au passage la bouteille de savon liquide vert qui tombe, s'ouvre et se répand. Je regarde le dégât et évalue mon retard. Je commence à essuyer le savon, mon manteau me gêne, je mouille mes poignets en rinçant le savon qui mousse sans fin. Je me dis que l'expression « jeter l'éponge » a été inventée un matin comme ça. Les enfants du groupe s'agglutinent et font pouah et beuuurk. Je fais bonne figure. Au moment de partir, l'éducatrice me demande si elle peut vérifier la tête de mon fils, ce matin un pou a été repéré sur la tête d'une amie. En pareil cas, la politique est de renvoyer l'enfant chez lui, alors comme je suis là, ça m'évitera de revenir. Je dis mais bien sûr et je m'assois. Je la regarde épouiller mon fils qui me regarde gentiment. À la fin, il n'a rien, il me fait un câlin discret mais serré. Je pars et me retourne : j'aimerais l'emmener avec moi.